Avec seulement 6,6% du budget informatique consacré à la cybersécurité, nous observons des défis significatifs dans la gestion des menaces croissantes qui pèsent sur les infrastructures essentielles de notre pays.
Face aux récentes cyberattaques, il devient impératif de mettre en œuvre des stratégies avancées de cybersécurité pour protéger les infrastructures critiques pour assurer la résilience et la continuité des services essentiels.
Cet article de blog explore divers aspects de cette protection proactive, depuis la défense en profondeur jusqu’à la gestion des accès, en passant par la détection des menaces et la conformité réglementaire. Nous examinerons comment les organisations peuvent sécuriser efficacement leurs actifs les plus vitaux, garantissant ainsi un environnement stable pour nos sociétés modernes.

1. Contexte et défis de la cybersécurité pour les infrastructures critiques

   
60 % des cyberattaques détectées en 2024 par BlackBerry visaient les infrastructures critiques
telles que les réseaux d’énergie, les systèmes de transport, les services de santé et les installations publiques, jouent un rôle indispensable dans le fonctionnement quotidien et la sécurité économique des nations à travers le monde.
Avec l’avènement de la numérisation et de l’interconnexion croissante, ces systèmes vitaux sont devenus des cibles potentielles pour les cyberattaques d’ampleur, représentant ainsi une menace significative pour la stabilité sociale et la sécurité nationale.

A. Les vulnérabilités spécifiques

Les infrastructures critiques sont confrontées à une multitude de vulnérabilités qui les rendent particulièrement exposées aux attaques cybernétiques.

Voici quelques-unes des principales menaces auxquelles elles sont confrontées :

Interconnectivité accrue : La tendance à la connectivité accrue entre les systèmes et les dispositifs expose les infrastructures critiques à un plus grand nombre de points d’entrée potentiels pour les cyberattaques. Les systèmes interconnectés peuvent amplifier la propagation des attaques et rendre la détection plus complexe.

Dépendance aux technologies obsolètes : De nombreuses infrastructures critiques persistent dans l’utilisation de technologies vieillissantes et obsolètes, qui sont souvent difficiles à mettre à jour ou à sécuriser efficacement contre les menaces contemporaines. D’ailleurs, les alertes de sécurité augmentent de 38,1 % sur ces appareils vieillissants. Ces systèmes anciens présentent des risques accrus en raison de leurs vulnérabilités bien connues et du manque de support pour les mises à jour de sécurité.

Complexité des systèmes : Les infrastructures critiques sont souvent caractérisées par des systèmes complexes et interdépendants, ce qui rend la gestion de la cybersécurité plus difficile. La diversité des équipements, des protocoles et des applications rend la protection uniforme et cohérente de tous les composants un défi constant.

Impact potentiel des attaques : Les conséquences d’une cyberattaque réussie contre une infrastructure critique peuvent être dévastatrices. Outre les pertes financières, les interruptions de service et les dommages à la réputation, de telles attaques peuvent également compromettre la sécurité publique, la santé des individus et la confiance du public dans les institutions gouvernementales et les entreprises privées.

B. L’évolution des menaces

Les attaques contre les infrastructures critiques sont devenues plus sophistiquées et ciblées au fil du temps ! Les entreprises, même avec des progrès notables (+1% dans le niveau de maturité des grands groupes), doivent encore combler des retards importants face aux exigences de la directive NIS 2 à venir.

Les cybercriminels et les acteurs étatiques malveillants exploitent des techniques avancées telles que l’ingénierie sociale, les logiciels malveillants complexes et les attaques de type zero-day pour contourner les défenses traditionnelles et accéder aux systèmes sensibles.

Cyberespionnage et sabotage : Les acteurs étatiques et les groupes cybercriminels cherchent souvent à recueillir des informations sensibles ou à perturber les opérations des infrastructures critiques. Des incidents tels que la manipulation de données, les interruptions de service prolongées et les atteintes à la confidentialité peuvent avoir des répercussions graves sur la sécurité nationale et la vie quotidienne des citoyens.

Menaces internes et externes : Les attaques peuvent être lancées à partir de sources internes et externes. Les employés malveillants ou négligents, ainsi que les fournisseurs tiers ayant un accès privilégié, représentent des menaces potentielles tout aussi graves que les attaques externes par des acteurs malveillants cherchant à exploiter les failles de sécurité.

C. Le cadre réglementaire et normatif

Face à ces défis croissants, de nombreux pays ont introduit des cadres réglementaires stricts pour renforcer la sécurité des infrastructures critiques.

L’Union européenne, par exemple, a récemment étendu la portée de sa réglementation en cybersécurité avec NIS2, imposant des obligations significatives à plus de 150 000 organisations stratégiques à travers l’Europe, telles que TPE, PME, grands groupes, institutions et collectivités territoriales.

NIS2 vise à établir un cadre robuste pour renforcer la résilience des infrastructures critiques et à augmenter le niveau de sécurité à l’échelle de l’Union.
Les entreprises concernées doivent désormais mettre en place des procédures robustes de gestion des risques et d’incident, ainsi que assurer une notification rapide et précise des incidents de sécurité selon les protocoles définis par la directive.

Ces normes obligent les organisations à mettre en place des mesures de cybersécurité robustes, à effectuer des évaluations de risques régulières et à signaler les incidents de sécurité conformément aux exigences légales.

2. Fondements des stratégies avancées de cybersécurité


La protection des infrastructures critiques contre les cyberattaques exige une approche proactive et stratégique intégrant des pratiques avancées de cybersécurité.

Ces stratégies sont conçues pour prévenir les attaques, détecter les intrusions potentielles, et répondre efficacement aux incidents pour minimiser les dommages et restaurer les opérations normales.

Quels sont les fondements essentiels de ces stratégies avancées de cybersécurité pour les infrastructures critiques ?*

A. L’évaluation des risques et gestion de la sécurité

Avant de mettre en œuvre des mesures de cybersécurité, il est crucial de mener une évaluation approfondie des risques spécifiques aux infrastructures critiques.

Cela inclut l’identification des actifs critiques, l’évaluation des vulnérabilités potentielles, et l’analyse des menaces probables. Une compréhension claire de ces facteurs permet de hiérarchiser les priorités de sécurité et de développer des stratégies adaptées à chaque risque identifié.

B. La sécurité par conception (Security by Design)

La sécurité par conception est un principe fondamental qui consiste à intégrer des mesures de sécurité dès la conception initiale des systèmes et des infrastructures critiques.

Cela comprend l’adoption de bonnes pratiques de codage sécurisé, la configuration sécurisée des réseaux et des systèmes, et la mise en œuvre de contrôles d’accès robustes dès la phase de conception. En intégrant la sécurité dès le départ, les organisations peuvent réduire les risques et les coûts associés à la correction de failles de sécurité après déploiement.

C. L’authentification et contrôle d’accès

La gestion efficace des identités et des accès est cruciale pour protéger les infrastructures critiques contre les accès non autorisés.

Les stratégies avancées de cybersécurité incluent l’utilisation de méthodes d’authentification forte, telles que l’authentification multifactorielle (MFA), et la mise en œuvre de contrôles d’accès basés sur les rôles (RBAC) pour limiter les privilèges d’accès en fonction des besoins spécifiques des utilisateurs et des systèmes.

D. Surveillance continue et détection des menaces

La surveillance continue des réseaux et des systèmes est essentielle pour détecter rapidement les activités suspectes ou malveillantes.
Les stratégies avancées de cybersécurité utilisent des outils de détection des intrusions avancés (IDS/IPS) et des systèmes de gestion des événements et des informations de sécurité (SIEM) pour surveiller en temps réel les comportements anormaux et les indicateurs de compromission.

Une réponse rapide aux incidents détectés permet de limiter les dommages potentiels et de prévenir toute propagation ultérieure de l’attaque.

E. La formation et sensibilisation des employés

Les employés jouent un rôle crucial dans la protection des infrastructures critiques contre les cybermenaces. Les stratégies avancées de cybersécurité incluent des programmes de formation et de sensibilisation réguliers pour sensibiliser les employés aux pratiques de sécurité, aux techniques d’ingénierie sociale et aux comportements à risque.

En renforçant la culture de la sécurité au sein de l’organisation, les employés deviennent des partenaires actifs dans la défense contre les cyberattaques.

F. La gestion des incidents et plan de réponse

Malgré toutes les mesures préventives, il est essentiel de préparer une réponse rapide et efficace en cas d’incident de sécurité. Les stratégies avancées de cybersécurité comprennent la création et la mise à jour régulière de plans de réponse aux incidents (IRP) détaillés.

Ces plans définissent les procédures à suivre pour isoler et contenir l’incident, restaurer les systèmes affectés, et minimiser l’impact sur les opérations critiques.

3. Les éléments clés des stratégies avancées de cybersécurité


Pour assurer une protection efficace des infrastructures critiques, il est essentiel de déployer les éléments clés qui composent les stratégies avancées de cybersécurité :

A. La sécurité du réseau

La sécurité du réseau est fondamentale pour protéger les infrastructures critiques contre les intrusions et les attaques. Les éléments clés de la sécurité du réseau comprennent :

Pare-feu avancés : Les pare-feu de nouvelle génération offrent une protection améliorée en surveillant et en filtrant le trafic réseau entrant et sortant basé sur des politiques de sécurité définies.
Segmentation du réseau : La division du réseau en segments plus petits limite la propagation des menaces et restreint l’accès aux parties critiques du réseau.
VPN et chiffrement : L’utilisation de réseaux privés virtuels (VPN) et de protocoles de chiffrement sécurise les communications entre les utilisateurs et les systèmes sensibles.

B. La sécurité des terminaux

Les terminaux, y compris les ordinateurs de bureau, les ordinateurs portables, les smartphones et les appareils IoT, représentent des points d’entrée potentiels pour les cyberattaques. Les mesures de sécurité des terminaux comprennent :

Logiciels antivirus et anti-malware : La mise en place de logiciels de protection permet de détecter et de supprimer les logiciels malveillants avant qu’ils ne causent des dommages.
Gestion des correctifs : La mise à jour régulière des systèmes d’exploitation et des applications avec les derniers correctifs de sécurité réduit les vulnérabilités exploitables.
Contrôle des périphériques : Limiter l’utilisation des périphériques externes, tels que les clés USB, réduit le risque d’introduction de logiciels malveillants.

C. La sécurité des applications

Les applications critiques doivent être protégées contre les vulnérabilités potentielles qui pourraient être exploitées par des cyberattaquants.

Les pratiques de sécurité des applications comprennent :

Tests de sécurité des applications : Les tests de pénétration et les analyses de code source aident à identifier et à corriger les failles de sécurité dans les applications.
Développement sécurisé : L’adoption de méthodologies de développement sécurisé (DevSecOps) garantit que les mesures de sécurité sont intégrées tout au long du cycle de vie des applications.
Sécurité des API : Les interfaces de programmation d’application (API) doivent être sécurisées pour empêcher les attaques qui exploitent les vulnérabilités des interfaces.

D. La sécurité des données

La protection des données sensibles est cruciale pour assurer la confidentialité et l’intégrité des informations.

Les mesures de sécurité des données incluent :

Chiffrement des données : L’utilisation de protocoles de chiffrement pour les données en transit et au repos garantit que les informations sensibles restent protégées contre les accès non autorisés.
Contrôle d’accès aux données : La mise en place de politiques strictes de contrôle d’accès garantit que seules les personnes autorisées peuvent accéder aux données sensibles.
Sauvegardes régulières : La réalisation de sauvegardes régulières des données critiques permet de restaurer les informations en cas de perte ou de compromission.

E. La sécurité physique

Les mesures de sécurité physique sont essentielles pour protéger les installations et les équipements critiques contre les accès non autorisés et les dommages physiques.

Les composantes de la sécurité physique incluent :

Contrôle d’accès physique : La mise en place de systèmes de contrôle d’accès, tels que les cartes d’identité et les scanners biométriques, limite l’accès aux installations critiques aux personnes autorisées.
Surveillance et détection : L’utilisation de caméras de surveillance et de systèmes de détection d’intrusion permet de surveiller en temps réel les installations et de détecter toute activité suspecte.
Protocole de sécurité des installations : La mise en place de protocoles de sécurité pour les installations critiques, y compris les procédures d’urgence et les plans de continuité des activités, renforce la résilience face aux incidents physiques.

4. Technologies émergentes et innovations dans la cybersécurité


La cybersécurité des infrastructures critiques
continue d’évoluer avec l’émergence de nouvelles technologies et innovations.

Ces avancées offrent des opportunités prometteuses pour renforcer la protection contre les cybermenaces.

A. L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique

L’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique (ML) jouent un rôle crucial dans la détection des menaces et la réponse aux incidents, avec 4 millions de postes non pourvus dans le domaine de la cybersécurité à l’échelle mondiale.

Ces technologies permettent de :

Détecter des anomalies : Les algorithmes d’IA peuvent analyser de grandes quantités de données pour identifier les comportements anormaux et les indicateurs de compromission en temps réel.
Automatiser des réponses : L’IA peut automatiser les réponses aux incidents en appliquant des actions correctives préconfigurées pour isoler et contenir les menaces.
Réaliser des analyses prédictives : Les modèles de ML peuvent prédire les menaces futures en se basant sur les données historiques et les tendances, permettant aux organisations de se préparer proactivement aux attaques potentielles.

B. La blockchain et la sécurité des transactions

La technologie blockchain offre des avantages significatifs en termes de sécurité des transactions et d’intégrité des données.

Dans le contexte des infrastructures critiques, la blockchain peut être utilisée pour :

Sécuriser les transactions : La nature décentralisée et immuable de la blockchain garantit l’intégrité et la sécurité des transactions, réduisant ainsi les risques de fraude et de manipulation.
Authentification des dispositifs : La blockchain peut être utilisée pour authentifier les dispositifs IoT connectés, assurant ainsi la confiance dans les communications entre les systèmes critiques.
Gestion des identités : Les solutions basées sur la blockchain permettent une gestion sécurisée et décentralisée des identités, renforçant ainsi la sécurité des accès aux infrastructures critiques.

C. La sécurité des dispositifs IoT

Les dispositifs IoT sont de plus en plus présents dans les infrastructures critiques, posant de nouveaux défis en matière de sécurité.

Les technologies émergentes pour la sécurité des dispositifs IoT incluent :

Protocole de sécurité IoT : L’adoption de protocoles de sécurité standardisés pour les dispositifs IoT garantit une protection cohérente et robuste contre les cybermenaces.
Segmentation des réseaux IoT : La segmentation des réseaux IoT permet d’isoler les dispositifs critiques et de limiter la propagation des attaques potentielles.
Surveillance des dispositifs IoT : La surveillance continue des dispositifs IoT aide à détecter les comportements anormaux et les signes de compromission, permettant une réponse rapide aux incidents.

D. La cybersécurité basée sur le cloud

Le cloud computing offre des capacités avancées pour la cybersécurité des infrastructures critiques.

Les avantages de la cybersécurité basée sur le cloud incluent :

Évolutivité et flexibilité : Les solutions de cybersécurité basées sur le cloud peuvent s’adapter rapidement aux besoins changeants des infrastructures critiques, offrant une protection évolutive et flexible.
Surveillance centralisée : Les services de cybersécurité basés sur le cloud permettent une surveillance centralisée et une gestion des incidents, facilitant la coordination et la réponse rapide aux menaces.
Mises à jour automatiques : Les solutions de cybersécurité cloud reçoivent des mises à jour automatiques et régulières, garantissant ainsi que les dernières protections sont en place pour contrer les nouvelles menaces.

Conclusion
Protéger les infrastructures critiques contre les cybermenaces n’est pas une tâche facile, mais elle est essentielle pour garantir la stabilité et la sécurité de notre société. Les stratégies avancées de cybersécurité, fondées sur une compréhension approfondie des risques et une application rigoureuse des meilleures pratiques, offrent une défense robuste contre les attaques potentielles.

L’avenir de la cybersécurité pour les infrastructures critiques repose sur une approche proactive et flexible, intégrant des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle et favorisant les collaborations internationales. Actuellement, il y a en moyenne un expert en cybersécurité pour 1086 employés, ce qui souligne les défis de ressources humaines auxquels de nombreuses organisations sont confrontées dans leur lutte contre les cybermenaces.
Les entreprises doivent également promouvoir une culture de la cybersécurité, sensibilisant chaque employé aux risques et aux mesures de protection nécessaires.

En définitive, la cybersécurité des infrastructures critiques est un effort collectif exigeant l’engagement de tous les acteurs concernés.

Sources :
harfanglab.io
lemondeinformatique.fr
silicon.fr
itforbusiness.fr
francenum.gouv
Wavestone